UN NOUVEAU CERCLE D'AMIS
Première métamorphose. Pour certains de ses proches, les dérives ont commencé un peu après, pour d'autres, elles remontent aux lendemains des JO de Londres, à l'été 2012. Quelques-uns réfutent tout changement de caractère, ils pensent que la nuit de la Saint-Valentin n'a été qu'un moment de folie. Mais ceux-là mêmes reconnaissent qu'ils étaient perturbés par les récentes fréquentations de Pistorius. Oscar avait un nouveau cercle d'amis, des propriétaires de yachts et de belles voitures qui l'initiaient à leur vie de flambeur.
Justin Divaris, 40 ans, directeur du Daytona Group – détenteur des droits commerciaux de Rolls Royce, Aston Martin et Sunseeker Yachts pour l'Afrique du Sud –, était devenu son « vrai ami », disait-il. Après les JO de Londres, ils avaient voyagé ensemble à Las Vegas, pendant la tournée médiatique d'Oscar aux Etats-Unis. Il est l'une des premières personnes que Pistorius a appelées après le meurtre, vers 3 h 35 du matin.
Trois mois auparavant, c'est lui, Justin Divaris, qui avait présenté Reeva à Oscar sur le circuit automobile de Kyalami. Dès cette première rencontre, le 4 novembre 2012, l'athlète handicapé avait tout fait pour séduire la belle. Le soir même, il l'invitait à une cérémonie officielle, au plus grand désespoir de sa petite amie de l'époque. On lui avait déjà prêté d'autres liaisons avec des jeunes femmes blondes, comme le top-modèle russe Anastassia Khozissova qu'il avait rencontrée en juillet à New York.

DU GENRE POSSESSIF AVEC LES FEMMES

Avant le meurtre de sa petite amie, des articles de presse avaient évoqué la face sombre d'Oscar, son tempérament changeant, de plus en plus ombrageux, son côté coureur de jupons. Mais cet homme rangeait sa vie et ses connaissances dans des compartiments. La famille – sa sœur et son frère, son père, Henke, mais aussi son oncle Arnold et sa tante Diana, chez qui il avait habité un an après la mort de sa mère. Son entraîneur, Ampie Louw. L'agent, Peet van Zyl, qu'Oscar décrivait comme une figure quasi paternelle et que son frère, Carl, n'a jamais aimé. Les nouveaux amis. Les anciens amis – nombre d'entre eux s'étaient éloignés depuis quelque temps.

Pendant une période, jusqu'en 2008, j'étais dans l'un de ces compartiments. Après Athènes, nous avons lié connaissance et il a donné son accord pour se prêter à la réalisation d'un documentaire. J'ai voyagé avec lui dans le monde entier, j'ai aussi rencontré sa famille, tout cela pour un documentaire, The Fastest Man On No Legs (l'homme sans jambes le plus rapide), pour la télévision anglaise. J'ai suivi de près ses tentatives répétées pour concourir avec des athlètes valides, avec les stars de l'athlétisme. En mai 2008, le tribunal arbitral du sport finira par accéder à ses folles ambitions. Trop tard pour prendre part aux Jeux olympiques de Pékin, mais bien assez tôt pour se préparer à ceux de Londres, en 2012, où il atteindra les demi-finales du 400 mètres. Avec les athlètes valides. Il était alors sur le point de signer les plus gros contrats de sponsoring de sa vie.

J'ai continué à le croiser après le documentaire diffusé, entre autres, sur Channel 5 et sur Arte en 2008, mais cela faisait trois ans qu'on ne s'était pas vus lorsque j'ai appris le meurtre de Reeva Steenkamp. Je l'ai vécu comme un choc, comme tout le monde. Oscar Pistorius est poursuivi pour crime prémédité. Lui affirme qu'il a tiré à quatre reprises à travers la porte des toilettes de sa maison parce qu'il croyait qu'un intrus s'était caché là et que son amie dormait toujours. Il faut attendre le procès pour disséquer les faits. Mais l'un d'eux, glacial, est établi : Oscar a tué une jeune femme. Elle n'est pas morte sur le coup. Difficile d'imaginer sa terreur quand les balles ont traversé la porte des toilettes. Oscar devra vivre avec ces images et ces cris pour le restant de ses jours.
UN MYTHE POUR L'AFRIQUE DU SUD

J'ai voulu essayer de comprendre ce qui s'était passé. Il y a quelques semaines, en janvier, je suis retourné en Afrique du Sud pour préparer un deuxième documentaire. Je n'ai pas revu Oscar – après huit jours de détention, la justice sud-africaine a ordonné sa libération sous caution, le 22 février 2013, et l'a placé en liberté surveillée. Mais j'ai pu parler avec quelques-uns de ses proches, notamment son oncle Arnold à Pretoria, et mesurer combien cette histoire représentait une tragédie nationale en Afrique du Sud.

Oscar Pistorius incarnait cette détermination à se battre contre vents et marées qui correspond à l'idée que se font les Sud-Africains de leur identité. Le meurtre a touché toutes les communautés de la « nation arc-en-ciel », pour toutes les mauvaises raisons. L'Afrique du Sud figure en tête, ou presque, des pires tableaux de statistiques : taux de meurtres, morts par balles, meurtres de femmes, nombre de femmes tuées par leur partenaire. Sur un plan purement statistique, Reeva Steenkamp est seulement l'une des trois femmes assassinées en moyenne chaque année par leur partenaire un soir de Saint-Valentin. Un chiffre sans doute sous-estimé : selon une étude publiée par la revue scientifique The Lancet en 2009, « au moins la moitié des femmes tuées en Afrique du Sud sont victimes de leur partenaire masculin ».

Pour les personnes que j'ai pu rencontrer, une chose est sûre : Oscar Pistorius vivait avec une pression toujours plus forte sur les épaules. D'où venait cette pression, comment se matérialisait-elle ? Ces questions risquent d'être parmi les plus importantes du procès, de celles qui partageront l'opinion. Dans ces conversations, un thème est revenu régulièrement : Oscar avait radicalement changé. Depuis quand ? C'est là que les versions divergent. Dans une interview que j'avais enregistrée à l'époque du documentaire, Vicky Miles, une ancienne petite amie, racontait un avant et un après-Athènes 2004 : « Avant, il avait l'air tellement jeune mais, deux mois plus tard, il n'était pas du tout le même. Il était devenu plus mature, débrouillard, c'est incroyable comme il avait évolué sur les plans émotionnel, spirituel et physique. »

Oscar Pistorius rattrapé par son ombre

le magazine du Monde | 14.02.2014 à 08h47• Mis à jour le 03.03.2014 à 07h40 | Par Matthew Pryor
J'étais à Athènes en septembre 2004, je couvrais les Jeux paralympiques pour mon journal, The Times. Le stade olympique baignait dans une chaleur soporifique et la demi-finale du 200 mètres hommes semblait sans intérêt particulier, une formalité pour le grand favori, un Américain. Comme tout le monde ou presque dans les tribunes, je n'avais jamais entendu parler du concurrent installé dans le couloir d'à côté : un jeune Sud-Africain amputé des deux jambes au-dessous du genou. Il n'avait pas l'air très à l'aise avec la procédure de départ, les starting-blocks et le pistolet du starter. Il est resté cloué sur place quand la course a démarré et, lorsqu'il s'est enfin élancé sur ses prothèses en carbone, on aurait dit que plusieurs secondes s'étaient écoulées – il avait effectivement plusieurs secondes de retard.

Lire son dernier tweet : « La douleur et la tristesse me consument »

C'est là que le miracle s'est produit, un de ces moments qui font se hérisser les poils des bras. Le temps s'est arrêté, le jeune homme était le seul à être en mouvement sur la piste, en route pour une victoire écrasante. « Blade Runner » était né. Une performance tellement ébouriffante, une victoire absolue et une domination totale, qui sera encore plus nette lors de la finale. Incroyable. Ce garçon de 17 ans, maladroit et timide, avec un appareil dentaire, s'était mis au sprint depuis quatre mois seulement. Oscar Pistorius, c'était son nom, semblait prédestiné à devenir une star. Il l'est devenu.


TRAGÉDIE SHAKESPEARIENNE

Neuf ans plus tard, au petit matin de la Saint-Valentin 2013, Oscar Pistorius, 26 ans, l'un des sportifs les plus célèbres au monde, a vidé le chargeur de son arme de poing, quatre balles, sur une jeune femme de 29 ans, sa petite amie, Reeva Steenkamp, un mannequin blond qu'il avait rencontré quelques mois auparavant. Elle est morte, et avec elle l'idée que le monde se faisait d'Oscar Pistorius. Comment l'épopée extraordinaire de l'adolescent que j'avais rencontré à Athènes peut-elle aboutir devant la cour d'assises du tribunal de Pretoria ? Car c'est là que se jouera le prochain acte de cette tragédie shakespearienne, l'ascension et la chute d'Oscar Pistorius, qui devrait être jugé à partir du 3 mars (A lire dans Le Monde, « Oscar Pistorius, bad runner »).

L'ascension vers la gloire olympique d'un garçon né à Pretoria sans péronés. La chute d'un athlète qui voudrait convaincre le monde entier que son geste fatal n'avait rien de prémédité et qui a enrôlé pour cela les meilleurs avocats. Parmi eux, Kenny Oldwage, un ancien policier du temps de l'apartheid, qui a contribué à l'acquittement de l'homme qui a tué l'arrière-petite-fille de Mandela. Pistorius a aussi fait appel à des experts en armes à feu, des médecins légistes. Face à eux, Thokozile Matilda Masipa, 66 ans, deuxième femme noire à être nommée juge en Afrique du Sud, décidera de son sort.

Lors du procès, ses défenseurs auront beau jeu d'insister sur la vulnérabilité de ce personnage hors normes - non sans une certaine ironie, tant il donnait l'image de quelqu'un qui refusait qu'on s'apitoie sur son sort. Oscar avait 11 mois quand ses parents ont décidé, après de nombreuses consultations, de le faire amputer. Son père lui a expliqué par la suite qu'il lui faudrait être patient face au regard des gens. Qu'il ne fallait pas pleurer si les choses tournaient mal. Plus tard, il a maîtrisé parfaitement l'art de raconter aux médias son enfance heureuse, où « handicap » et « je ne peux pas » ne faisaient pas partie du vocabulaire familial. « La perception que les gens ont de vous dépend de la perception que vous avez de vous-même », aimait répéter Pistorius au temps de sa gloire sportive, comme un mantra.

UN TEMPÉRAMENT CHANGEANT 

Un cas dans le handball en france

Handball :

Nikola Karabatic interrogé dans l'affaire d'un match présumé truqué Nikola Karabatic a été interpellé à l'issue de la rencontre de handball face au Paris Saint-Germain, le 30 septembre 2012. REUTERS/Regis DuvignauPar RFI Premier rebondissement dans l'affaire du match supposé truqué dans le handball français entre Montpellier et Cesson-Sévigné en mai dernier. Un total de 17 personnes ont été interpellés en fin d'après-midi par la police de Nanterre et emmenés dans les locaux de service « courses et jeux » de la Direction centrale de la police judiciaire. La star du handball français, Nikola Karabatic, en faisait partie. L’arrivée des Qataris dans le handball français (PSG) devait être l’actualité phare de cette journée. Mais après la défaite de Montpellier face au Paris Saint-Germain ce dimanche 30 septembre, au stade Pierre de Coubertin (38-24), plusieurs joueurs du meilleur club de handball français ont été interpellés. Ils ont été conduits par les policiers de Nanterre dans les locaux de service « courses et jeux » de la Direction centrale de la police judiciaire. Nikola Karabatic, meilleur joueur de handball au monde, champion olympique, et son frère, étaient de ceux-là. Plusieurs joueurs soupçonnés Une source proche de l'enquête a affirmé qu’ « au moins sept joueurs » ont été placés en garde à vue, dimanche 30 septembre dans la soirée, par la police à Nanterre. Aucun nom n’a été révélé. Outre Nikola Karabatic, un journaliste de l'AFP a constaté que des policiers avaient emmené quatre autres membres de son équipe, Wissem Hmam, Michaël Robin, Dragan Gajic et Primoz Prost, ainsi que leur kinésithérapeute Yann Montiège. D'autres joueurs impliqués pourraient avoir quitté les lieux discrètement. Le convoi de véhicules de police aux vitres teintées est arrivé à Nanterre en fin d’après-midi, où se trouvent les locaux du service central des courses et jeux. Les policiers, qui agissent dans le cadre d'une commission rogatoire d'un juge d'instruction de Montpellier, s'étaient rendus aux vestiaires à la fin du match pour interroger les joueurs. Selon une source policière, les enquêteurs s'intéressent à plusieurs personnes : sept joueurs de Montpellier, dont Nikola Karabatic et son frère Luka, deux ex-joueurs de Montpellier passés depuis au PSG, au moins une compagne d'un joueur, et un membre du staff de l'équipe de Montpellier, ainsi que des personnes en charge de la distribution de produits de la Française des jeux. Une information judiciaire, ouverte sur cette affaire depuis le 1er août, vise à la fois des faits « de corruption active et passive », mais aussi des faits « d'escroquerie et de recel d'escroquerie » aux dépens de la FDJ. 80 000 Euros de Paris Les paris litigieux portaient sur le résultat à la mi-temps du match entre Montpellier et Cesson-Sévigné, pour lequel ont été engagés des sommes anormales (80 000 euros) dans le temps, et donnant la défaite du champion face à un relégable. D'ordinaire, pour un match de handball tous paris confondus, un maximum de 5000 euros sont misés, dont 80% sur la victoire et les 20% restants sur l'équipe en tête à la mi-temps et sur le score définitif. En outre, les prises de paris sont d'habitude étalées dans la semaine qui précède la rencontre. Par ailleurs, la répartition des prises de paris était exclusivement concentrée sur quelques points de vente dans la région de Montpellier. Dans le cadre de l'information judiciaire en cours à Montpellier, l'entraîneur et le président du club ont déjà été entendus. Dimanche soir, ils se sont refusés à exprimer tout commentaire. Ils devraient tenir une conférence de presse lundi 1er octobre à Montpellier